La Cour internationale de Justice
Mesures provisoires et plausibilité
Roy Schondorf explore le concept de « plausibilité » dans les arrêts de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les mesures conservatoires, en particulier dans le contexte de l’affaire Afrique du Sud c. Israël. L’auteur souligne la confusion et les interprétations erronées entourant l’utilisation de la plausibilité par la Cour, notant que le seuil de plausibilité est très bas et n’exige pas de preuves solides ni une forte probabilité de succès sur le fond. Schondorf suggère que le degré d’indulgence de la CIJ en matière de mesures provisoires pourrait conduire à un usage abusif de cette procédure et potentiellement miner la crédibilité de la Cour. Lis le post complet ici.
Marko Milanovic discute du concept de plausibilité dans les ordonnances de mesures conservatoires de la CIJ, en particulier dans les affaires Afrique du Sud c. Israël et Nicaragua c. Allemagne, soulignant comment la CIJ applique et interprète ce critère de manière incohérente. Il soutient que le critère de plausibilité, qui manque d’explication systématique et varie selon les juges, peut conduire à des ambiguïtés et à des compromis dans les décisions de la Cour. L’auteur propose une expérience de réflexion sur la manière dont la CIJ pourrait appliquer ce critère dans les affaires de licéité du recours à la force aujourd’hui, remettant en question l’approche appropriée pour la Cour dans des différends factuellement complexes. Lis le post complet ici.
Nasim Zargarinejad analyse la procédure devant la CIJ, en se concentrant particulièrement sur les demandes de clarification et de modification des mesures provisoires de l’Afrique du Sud dans une affaire contre Israël. Zargarinejad discute du fondement juridique et des implications de telles demandes, soulignant que même si les règles de la CIJ ne prévoient pas explicitement de demandes de clarification, elles peuvent être traitées dans le cadre des capacités procédurales plus larges de la Cour pour modifier les mesures. Le texte souligne comment ces aspects procéduraux affectent la mise en œuvre et le respect des ordonnances de la Cour, essentiels à la sauvegarde des droits en jeu dans les litiges juridiques internationaux urgents. Lis le post complet ici.
La Cour européenne des droits de l’homme
Climat Cas
Gerry Liston revient sur les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans les affaires climatiques Duarte Agostinho et KlimaSeniorinnen, analysant la manière dont ces décisions s’alignent sur les objectifs consistant à assurer une protection efficace des populations vulnérables et à aborder la nature relationnelle des politiques climatiques des États. Liston aborde certains aspects de la décision de la Grande Chambre dans l’affaire Duarte – qui a rejeté la demande des requérants comme irrecevable à la fois parce qu’ils ne relèvent pas de la compétence extraterritoriale des États défendeurs autres que le Portugal et au motif qu’ils auraient dû épuiser les recours internes en Le Portugal. La Cour a rejeté la demande de compétence extraterritoriale dans l’affaire Duarte, mais a souligné l’obligation uniforme pour les États d’atténuer le changement climatique sur leur territoire, en s’alignant sur l’objectif de 1,5°C. Lis le post complet ici.
Dans son analyse de l’affaire Climate Seniors, George Letsas revient sur la décision de la Cour européenne des droits de l’homme d’accorder la qualité pour agir à une association tout en la refusant aux candidats individuels, ce qui semble paradoxal compte tenu de l’interdiction de l’actio popularis. Letsas suggère que l’approche de la Cour, qui vise à éviter l’actio popularis, pourrait être mieux justifiée en reconnaissant les droits des générations futures en tant que victimes potentielles du changement climatique, permettant ainsi aux associations de les représenter. Cette interprétation concilie l’incohérence apparente en présentant l’affaire non pas comme un litige d’intérêt public mais comme un plaidoyer en faveur des individus (les générations futures) qui ne peuvent pas déposer eux-mêmes des réclamations. Lis le post complet ici.
Le profilage racial
Daniel Moeckli revient sur l’arrêt historique de la Cour EDH dans l’affaire Wa Baile c. Suisse, où le tribunal a estimé que le contrôle d’identité de Mohamed Wa Baile par la police suisse constituait un profilage racial, violant l’article 14 (interdiction de la discrimination) et l’article 8 (droit à la vie privée) de la Convention européenne des droits de l’homme. Cette décision marque une position significative contre le profilage racial, suggérant une évolution potentielle vers des mesures plus strictes contre de telles pratiques en Europe. La décision souligne non seulement la persistance du profilage racial en tant que problème systémique, mais pousse également à l’adoption de recommandations internationales et de mesures nationales plus strictes pour lutter contre les pratiques policières discriminatoires. Lis le post complet ici.
Droit et politiques de l’Union européenne
Droit commercial international et décolonisation
Sebastian von Massow critique les opinions de l’avocat général Ćapeta auprès de la Cour européenne de justice, qui concernent les accords commerciaux de l’UE avec le Maroc qui incluent le territoire contesté du Sahara occidental. Von Massow soutient que les opinions de Ćapeta portent atteinte au droit international sur la décolonisation en remettant en question la reconnaissance du Front Polisario comme représentant du peuple sahraoui et en acceptant le Maroc comme puissance administrante. Il prévient que ces opinions pourraient délégitimer le droit des Sahraouis à l’autodétermination et contredire les pratiques et résolutions établies de l’ONU, affectant potentiellement la cohérence juridique des lois de décolonisation au sein de la politique étrangère de l’UE. Lis le post complet ici.
Le Kosovo et les organisations internationales
Andreas Zimmermann explore l’adhésion potentielle du Kosovo au Conseil de l’Europe (CdE) au milieu des débats en cours sur son statut d’État depuis sa déclaration d’indépendance en 2008. Malgré une recommandation de l’Assemblée parlementaire en faveur de l’admission du Kosovo, la décision finale du Comité des Ministres du CdE reste incertaine en raison de la non-reconnaissance du Kosovo par certains États membres. Zimmermann suggère une voie alternative d’adhésion associée pour le Kosovo, similaire au cas historique du territoire de la Sarre, qui pourrait placer le Kosovo sous la juridiction de la Cour européenne des droits de l’homme sans résoudre son statut d’État controversé. Lis le post complet ici.
Israël-Gaza était
Le droit à la légitime défense
Geir Ulfstein propose une analyse de la base juridique et des restrictions du droit d’autodéfense d’Israël à la suite de l’attaque terroriste du 7 octobre 2023. L’auteur explore si le droit international, en particulier la Charte des Nations Unies et le droit international coutumier, permet à Israël de recourir à la force dans Gaza, compte tenu du statut contesté du territoire et du précédent retrait d’Israël. Ulfstein examine en outre les exigences de nécessité et de proportionnalité dans l’exercice de la légitime défense, se demandant si les opérations militaires israéliennes à Gaza répondent à ces critères juridiques. Lis le post complet ici.
Ciblage
Tsvetelina van Benthem discute des erreurs de ciblage et d’autres engagements involontaires dans le conflit armé, en examinant en particulier l’explosion de l’hôpital Al-Ahli à Gaza. L’auteur examine deux scénarios : l’un implique un tir de roquette raté par le Jihad islamique palestinien (JIP) près de l’hôpital Al-Ahli à Gaza, et un autre implique une frappe aérienne erronée des Forces de défense israéliennes (FDI) sur l’hôpital. Elle analyse ces incidents à travers le prisme du droit international humanitaire, en se concentrant sur les obligations telles que prendre des précautions lors d’une attaque, vérifier les cibles et interdire les attaques contre des biens civils, soulignant la complexité de l’évaluation du respect de ces obligations dans le contexte d’engagements involontaires. Lis le post complet ici.
Autres articles
Arron N. Honniball et Pham Ngoc Minh Trang discutent des complexités juridiques entourant la protestation de Greenpeace contre les activités minières en haute mer dans la zone NORI-D fin 2023. Les auteurs se demandent si les Pays-Bas, en tant qu’État du pavillon du navire de Greenpeace, ont le droit, en vertu du droit international, d’autoriser des protestations en mer, en conjonction avec la liberté de navigation, contre les activités régies par l’Autorité internationale des fonds marins (ISA). Les auteurs soutiennent que même si l’ISA a compétence sur les activités dans la zone, elle doit également respecter les droits de l’État du pavillon à manifester pacifiquement, à condition que ces manifestations soient menées dans le respect de la sécurité, des lois et des droits des autres États. Lis le post complet ici.
Marko Milanovic présente des observations sur l’utilisation de mesures de citation pour évaluer la qualité de la recherche en droit international, notamment à la lumière d’une étude récente d’Oona Hathaway et John Bowers. Milanovic affirme que la base de données HeinOnline utilisée dans son étude est fondamentalement biaisée en faveur des revues américaines gérées par des étudiants, ce qui conduit à des résultats faussés. Il souligne plusieurs raisons pour ce biais : la classification des articles de droit international par Hein inclut le droit constitutionnel et les relations étrangères des États-Unis, la couverture complète des revues américaines par rapport aux revues non américaines, le recours aux formats de citation des Bluebooks américains et l’exclusion des citations de livres. Selon Milanovic, ces facteurs rendent l’ensemble de données Hein non représentatif de la recherche mondiale en droit international, remettant ainsi en question la fiabilité de toute conclusion basée sur celui-ci. Il appelle à une utilisation prudente des mesures et à la reconnaissance de leurs biais inhérents, en particulier lorsqu’elles proviennent de sources comme HeinOnline. Lis le post complet ici.
Jack Kenny discute de l’argument émergent selon lequel le droit international impose aux États une obligation générale de faire preuve de diligence raisonnable pour empêcher que leur territoire ne soit utilisé pour des activités préjudiciables à d’autres États, en particulier dans le contexte du cyberespace. Il examine de manière critique le fondement de cet argument, dérivé principalement de l’arrêt de la CIJ sur le Détroit de Corfou, et met en évidence des désaccords importants entre les États concernant l’existence et la portée de telles obligations. Le texte conclut que même si des obligations spécifiques de diligence raisonnable existent dans certains contextes, il n’existe pas suffisamment de preuves pour étayer une obligation générale de diligence raisonnable universellement applicable en droit international. Lis le post complet ici.
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