Le 11 mai 2023, lors d’une session plénière, le Parlement européen a voté en faveur de l’adoption d’une résolution sur l’adéquation de la protection offerte par le cadre UE-États-Unis sur la protection des données (le « cadre ») qui demande à la Commission européenne (la « Commission ”) pour poursuivre les négociations avec ses homologues américains dans le but de créer un mécanisme qui garantirait l’équivalence et fournirait le niveau de protection adéquat requis par la législation européenne sur la protection des données. Le texte a été adopté avec 306 voix pour, 27 contre et 231 abstentions. Cette résolution fait suite au projet de motion (résumé disponible ici) qui a été publié en février 2023 et a exhorté la Commission à ne pas adopter d’adéquation basée sur le Cadre.
Les principaux points à retenir de la résolution sont :
- Le Parlement est « préoccupé » par le fait que si le cadre est adopté, il pourrait être invalidé par la Cour de justice de l’Union européenne (la « CJUE »), comme ses prédécesseurs, ce qui pourrait conduire à un « manque persistant de sécurité juridique, des coûts supplémentaires et des perturbations pour les citoyens et les entreprises européens.
- Le Parlement prend note des « efforts » réalisés dans l’EO 14086 et « souligne » que l’EO « prévoit des améliorations significatives visant à garantir que ces principes sont essentiellement équivalents en droit de l’UE ». Cependant, il poursuit en affirmant que les principes contenus dans l’OE en matière de proportionnalité et de nécessité ne sont « pas conformes » aux définitions de ces termes en vertu du droit de l’UE, ni aux interprétations de ceux-ci par la CJUE.
- Le Parlement « partage les préoccupations de l’EDPB concernant l’incapacité de l’EO 14086 à fournir des garanties suffisantes en cas de collecte de données en masse ». Il souligne en particulier la « préoccupation spécifique » selon laquelle, sans nouvelles restrictions sur la diffusion aux autorités américaines, les autorités répressives pourraient accéder à des données auxquelles il leur aurait autrement été interdit d’accéder. Il partage également d’autres préoccupations exprimées par le CEPD, notamment concernant les droits des personnes concernées, le manque de clarté quant à l’application des principes aux sous-traitants et la nécessité d’éviter les transferts ultérieurs qui compromettent le niveau de protection.
- Le Parlement demande que les citoyens de l’UE aient les mêmes droits et privilèges que les citoyens américains en matière de surveillance et de recours juridictionnel effectif.
- En examinant le nouveau mécanisme de recours proposé, la Cour de révision de la protection des données (la « DPRC »), le Parlement note plusieurs préoccupations qu’il invite la Commission à aborder dans les négociations avec les États-Unis, par exemple que les décisions de la DPRC seraient classifiées et non publique ou à la disposition du plaignant, et que certains éléments du DPRC manquent d’indépendance.
- Le Parlement conclut que le cadre « ne parvient pas à créer une équivalence essentielle » et demande à la Commission de poursuivre ses négociations avec les États-Unis sur le cadre et de ne pas adopter de conclusion d’adéquation tant que toutes les recommandations formulées dans la résolution et l’avis du comité européen de la protection des données n’auront pas été pleinement mises en œuvre. Il invite en outre la Commission à « agir dans l’intérêt des entreprises et des citoyens de l’UE en veillant à ce que le cadre proposé fournisse une base juridique solide, suffisante et tournée vers l’avenir pour les transferts de données entre l’UE et les États-Unis ». Il note, enfin, que si une décision d’adéquation est adoptée et invalidée à nouveau par la CJUE, cela constituerait un manquement à la protection des droits des citoyens de l’UE et relèverait de la responsabilité de la Commission.
Cette résolution n’est pas contraignante pour la Commission, mais elle sera prise en compte par la Commission lors de l’examen du cadre, ainsi que l’avis du comité européen de la protection des données, tel que référencé par le Parlement.