Voici un encart que je suis heureux de livrer ici sur notre blog. La thématique est « la justice ».
Le titre suggestif (le conducteur du camion à la barre du tribunal d’Épinal) en dit long.
Identifié sous la signature «d’anonymat
», l’éditorialiste est positivement connu.
Le texte peut ainsi être pris au sérieux.
La date d’édition est 2024-02-17 21:05:00.
L’article :
Au cœur de la salle du tribunal d’Épinal, deux mondes s’opposent : à la barre, il y a le patron d’une entreprise paysagiste âgé de 59 ans, qualifié de « très bon employeur », « rigoureux », « méticuleux » mais qui, ce 2 janvier 2023, a vu la cargaison de son camion benne heurter la tête d’un piéton de 56 ans qui marchait le long de la rue d’Alsace à Épinal ; et aux premiers rangs de la salle d’audience, il y a la famille de Stéphane Olry, la victime, qui ne comprend pas comment une cargaison de deux tonnes a pu dépasser en partie de ce camion. Car c’est le grillage transporté sur cet engin qui a mortellement heurté la tête de leur proche.
Tout au long du procès de ce chef d’entreprise, poursuivi pour homicide involontaire, s’est donc posé la question du respect ou non des règles de sécurité liées au transport de ce type de marchandises. Car le fait qu’il ait attaché son chargement avec une seule sangle a fait polémique. Et pour cause : cette dernière a laissé échapper le chargement. « Pourquoi ne pas arrimer avec deux sangles ? », lance la présidente du tribunal Julie Léonard à l’attention du prévenu. « Je ne peux pas vous répondre là-dessus », rétorque le quinquagénaire, précisant qu’il s’était assuré au préalable que le chargement était bien calé et que la sangle était bien tendue. Le prévenu ajoute que l’accident l’a conduit à diverses initiatives. Il a tout d’abord envoyé tous ces salariés dans une entreprise spécialisée pour qu’ils suivent une formation spécifique dans l’arrimage. Et d’un point de vue personnel, il a sollicité un suivi psychologique. Cela étant, l’homme relativise ses soucis par rapport aux proches de la victime : « Le mal que ça me fait, ce n’est rien à côté du leur. »
« Succession de petites négligences »
Un contexte que confirment Mes Leuvrey et Collot, les conseils des proches de Stéphane Olry, mettant de nouveau en exergue le fait que le prévenu avait commis des négligences ce jour-là.
Pour le substitut du procureur Julien Weber, c’est même une succession de « petites négligences » qui a abouti à ce drame : une sangle au lieu de deux, un point d’ancrage pas adapté, une absence de tapis antiglisse… Il requiert six mois de prison avec sursis.
Du côté de Me Giuranna, pour la défense, la lecture du dossier n’est pas la même. « Je suis paumé », avoue l’avocat du paysagiste avant d’ironiser sur le rapport de la DREAL épinglant les « négligences » de son client. « C’est un copier-coller d’un site internet ! », affirme le bâtonnier, fustigeant le fait que le prévenu ait pu faire preuve de négligence. Car selon l’avocat, tous les manquements que lui reproche le ministère public ne peuvent pas tenir. « Il s’agit ici de normes volontaires. Elles ne sont donc pas obligatoires », rétorque le conseil spinalien, ajoutant qu’il n’était pas certain qu’accrocher deux sangles aurait permis d’éviter ce drame. Car selon lui, le chargement s’était affaissé suite au déplacement de dalles présentes également dans la cargaison. L’affaire a été mise en délibéré. Le jugement sera rendu le 27 février prochain.
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