J’ai relevé un éditorial sur le web dont la thématique est «la justice».
Son titre (Le Ministère public abandonne l’accusation – «Une honte» pour l’avocat de la famille) synthétise tout le papier.
L’éditorialiste (annoncé sous le nom d’anonymat
) est connu et fiable.
Sachez que la date de publication est 2023-06-19 13:14:00.
L’article en question :
Le Ministère public a abandonné les charges retenues contre les six policiers, liés à la mort de Mike Ben Peter à Lausanne en 2018. Il demande leur acquittement, ce que l’avocat de la famille de la victime qualifie de «honte».
Dans son acte d’accusation, le procureur Laurent Maye avait retenu l’homicide par négligence. Lundi pourtant, devant la petite centaine de personnes s’étant massées dans la salle comble du Tribunal d’arrondissement de Lausanne, il a laissé tomber cette accusation.
Pour Laurent Maye, les six policiers ont bel et bien «violé les règles de prudence» lorsqu’ils ont menotté et maintenu durablement Mike Ben Peter sur le ventre, alors qu’ils tentaient de le maîtriser au cours d’un contrôle antidrogue.
Selon les relevés de radio, le Nigérian est resté trois minutes dans cette position avant de perdre connaissance. Or il est enseigné aux policiers que ce type de plaquage ventral est risqué et qu’un changement de position doit intervenir rapidement.
Malgré tout, les expertises médico-légales ont révélé que ce plaquage ventral ne pouvait pas, à lui seul, expliquer la mort de Mike Ben Peter, a souligné le procureur. Le «lien de causalité», nécessaire pour pouvoir conclure à un homicide par négligence, fait défaut, a-t-il déclaré.
Usage excessif de la force
Prenant la parole dans la foulée du procureur, l’avocat de la famille de la victime a dit sa «honte», en sa qualité «d’auxiliaire de la justice», d’entendre une telle argumentation. «Le raisonnement du Ministère public est erroné», a critiqué Simon Ntah.
Selon lui, il ne faut pas se focaliser sur le seul plaquage ventral, mais sur l’ensemble de l’intervention des six policiers. Une arrestation qui a été, selon lui, «un déferlement de violence» avec des coups à l’entrejambe et aux côtes, le recours à un spray au poivre ou encore des clefs de bras et de jambes.
«On tape d’abord et on réfléchit ensuite», a dénoncé Me Ntah. Et de marteler que les policiers avaient agi de manière «disproportionnée» en faisant «un usage excessif de la violence».
En plus d’avoir «violé tous les devoirs de prudence», les policiers ont aussi «omis de faire preuve d’humanité» en continuant de maintenir Mike Ben Peter à terre, alors qu’il était «à l’agonie» et que sa souffrance était «évidente».
Racisme systémique
L’avocat n’a pas accusé les prévenus d’être racistes, mais affirmé qu’il ne fallait pas nier «le racisme systémique» en Suisse en général et dans la police en particulier. Il a parlé «d’un système qui tolère des comportements disproportionnés» à l’égard de certaines personnes.
«Ces quatre dernières années dans le canton de Vaud, quatre personnes noires sont mortes lors d’interventions policières. Ce n’est pas une coïncidence», a-t-il affirmé.
Simon Ntah a demandé à la Cour de condamner les policiers pour que «la justice soit rendue pour Mike», pour qu’il ne soit pas «mort dans l’indifférence judiciaire».
Action proportionnée
Du côté des avocats des policiers, à l’instar du Ministère public, l’accent a été mis sur les expertises médico-légales, qui «montrent clairement» que le décès de Mike Ben Peter n’est pas dû à l’action des policiers, a noté Odile Pelet.
Le Nigérian de 39 ans souffrait du coeur et aurait déclenché, lors de son arrestation, un syndrome de délire excité. A savoir: une pathologie interne, provoquée par un événement extérieur, qui fait que la personne «s’excite tellement» qu’elle est victime d’un arrêt cardio-respiratoire, a relevé Juliette Perrin.
Sur le déroulement des faits, Xavier de Haller a assuré que les agents avaient agi de «manière graduelle et proportionnée» face à une personne «particulièrement oppositionnelle et virulente». Ils ont utilisé «les moyens à disposition», appris lors de leur formation.
Les policiers ont fait «leur travail correctement, sans commettre de faute», a renchéri Juliette Perrin. Pour elle, la mort de George Floyd aux Etats-Unis, évoquée par Me Ntah, n’a rien à voir avec cette affaire.
Acquittement exigé
De son côté, Raphaël Brochellaz a critiqué «la fausse impression donnée par l’acte d’accusation, et relayée par la presse,» que six policiers s’étaient «acharnés» sur Mike Ben Peter.
Les avocats de la défense ont aussi démonté l’argument du profilage racial. Les policiers n’ont pas agi sur un «préjugé raciste», mais sur «le constat d’une infraction en cours» de deal de rue, a relevé Christian Favre. Cette affaire «ne peut pas aboutir autrement que sur un acquittement», a encore dit Jean-Emmanuel Rossel.
La Cour rendra son verdict jeudi.
gsi, ats
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