Dans l’affaire Clifford Chance LLP contre Société Générale SA [2023] EWHC 2682 (Comm), Henshaw J a statué sur un défi de compétence dans le cadre d’une action pour négligence professionnelle intentée par SocGen contre Clifford Chance, alléguant qu’ils ont traité avec négligence un différend entre SocGen et Goldas Kuyumculuk Sanayi Ithalat Ihracat AS et d’autres sociétés du même groupe. .
La demande de Clifford Chance porte sur une déclaration négative de responsabilité contractuelle : elle vise à obtenir des déclarations selon lesquelles ils ne sont pas responsables envers la SocGen pour négligence professionnelle et que CC Europe n’a pas du tout été retenu par la SocGen. SocGen a par la suite engagé une procédure contre CC LLP et CC Europe devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, réclamant des dommages et intérêts supérieurs à 140 millions d’euros. La première audience devant ce tribunal devrait avoir lieu en mars 2024.
SocGen a contesté la compétence des tribunaux d’E&W en référence à son accord-cadre avec Clifford Chance, qui inclut l’élection de for français et le choix de loi française. Comme on pouvait s’y attendre, Clifford Chance affirme que cet accord ne s’applique pas à l’œuvre en question (étant donné l’ingérence de diverses entités juridiques de Clifford Chance, il était inévitable que des problèmes de confidentialité se posent ; voir aussi la discussion [103] ff en agence). Le juge, appliquant les principes français d’interprétation contractuelle, estime [90] ff qu’en l’état des faits, l’accord-cadre ne s’applique pas au mandat en cause. À la suite de la Convention de Rome (telle que discutée lors [67]Rome I n’appliquant pas ratione temporis), le droit anglais s’applique à ce mandat du fait qu’E&W est la résidence habituelle du prestataire de services.
[112] ff traitent succinctement (et rejettent) la question subsidiaire du forum non conveniens : [120] ce n’est pas montré
que les tribunaux français sont clairement et distinctement le for le plus approprié. Au contraire, ce tribunal est ce forum.
Je me demande si Clifford Chance, dans la procédure française, fera désormais valoir la litispendance des articles 33 et 34, étant donné que la procédure anglaise a été engagée en premier, mais cela dépendra des parties exactes à la procédure et de la base de compétence à leur encontre : si le Les tribunaux français estiment qu’il existe un choix de for juridiquement contraignant dans la réclamation, les articles 33 et 34 ne peuvent pas s’appliquer et nous nous retrouverons dans une compétition post-Brexit intéressante entre les tribunaux.
Geert.